Au Rallye des Volcan, épisode 2

Pour la seconde fois après ma participation folklorique en 2015, je me suis inscrit au Rallye des Volcans. Un rallye routier sans enjeu puisque hors championnat, une promenade donc… eh bien non.

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Allo Maxence, est ce que ta TDR est dispo ? Oui elle est dispo et je te la prête, ça sera mon cadeau pour ton anniv, voici les clés, ne les perds pas sur le pont des soupirs (Gérard Lenorman, merci)… Donc voilà, c’est parti, je paye mon inscription en ligne, j’opte pour la formule chambre avec petit déjeuner mais pas le massage avec la fin heureuse, c’est à dire que je ferai les boucles de jour et une seule boucle de nuit, les warriors eux en feront deux… On y reviendra. Le Rallye des Volcans c’est aussi et surtout un truc d’amis, c’est organisé sur un mode convivial par les passionnés d’Auvergne Moto Sport, un article entier consacré à leurs activités et à leurs projets ne serait d’ailleurs pas un luxe. L’autre point fort c’est la qualité et le mot est faible, des paysages et des routes proposées, il est souvent compliqué de rester concentré sur sa conduite et de ne pas céder à la tentation de faire une photo vite fait tant parfois le paysage qui vous saute au casque au détour d’un virage vaut son pesant d’aligot. Dernière chose et c’est un fait rare dans le domaine des rallyes routiers, le paddock est ni plus ni moins qu’un camping, celui du village de Gelles (63) dont le maire Luc Gourdy est un fervent défenseur de la cause motocycliste, il convient de lui rendre cet homage.
 
 Donc cette fois je charge la RADmobile avec juste mon équipement, de quoi prendre de l’essence et l’habituel matelas, la moto m’attend là-bas, c’est l’excellente Yamaha TDR 240 de Maxence, il me l’avait déjà prêtée en 2015 et j’en avais eu un ressenti vraiment bon, il me tardait de la retrouver pour voir si ce serait toujours le cas, je ne serai pas déçu. Cette moto a été spécifiquement voulue et développée par Jean-Claude Olivier (d’après ce que j’en sais) qui était alors au commandes de Yamaha France, la 250 RDLC étaient déjà un succès en 87 mais JCO voulait quelque chose de plus polyvalent qu’une stricte sportive, il avait eu l’intuition du supermotard avant-même que la discipline mixte terre-bitume n’existe. En bref, il s’agit d’un deux temps bi-cylindre qui répond comme une sportive TZR 250 mais se comporte un peu plus comme une XT500, avec seulement 150kg sur la balance pour environ 44 poneys (tous très assoiffés les canassons… ). Cette bécane est bluffante, elle pousse vraiment, on peut facilement se surprendre à 140km/h (oui c’est mal je n’ai pas fait exprès, je ne le referai plus) sur une partie roulante, mais à coté de cela, elle peut aussi reprendre en troisième dans un virage un peu serré si vous êtes trop occupé à lire le totalisateur kilométrique et à dérouler le road-book, pour rétrograder. Elle cramponne n’importe quel revêtement et sa boite de vitesse est un vrai bonheur de docilité et de précision… Bref, à mon avis c’est une des motos les plus polyvalentes qui soit, que du bonheur en somme.
 Ce rallye est donc ma second expérience en la matière, j’y étais déjà venu en 2015, chaperonné par Stéphane Guéguin de l’atelier Moto Spirit à Alès, mais à ce moment là le but était d’en faire un reportage pour le magazine papier, de faire le parcours comme tout le monde mais sans se priver de s’arrêter pour faire des photos, en mode promenade donc, cette fois-ci, plus vraiment de nécessité de reportage et je voulais y aller un peu plus sérieusement, en particulier reconnaître le parcours, je m’étais rendu compte en effet qu’à la troisième boucle en 2015 je n’avais plus besoin de regarder le road-book, j’avais mémorisé l’itinéraire, à ma grande surprise d’ailleurs. Comme je n’avais fait aucune reco, cette fois ci j’avais prévu de venir le jeudi et de faire toutes les boucles pour les avoir en tête au moment opportun. Hélas on ne fait pas toujours comme on veut et un sympathique cambriolage chez moi le samedi précédent a quelque peu chamboulé mes plans, au moment de partir je me souviens que j’ai oublié le certificat médical obligatoire pour l’obtention de la licence FFM, et le toubib n’est pas là. Obligé de glander jusqu’au vendredi matin pour l’obtenir, puis de faire la route et d’arriver en milieu de journée. A 14h il faut se coltiner tout l’administratif, puis s’installer, bref la journée de vendredi est déjà niquée… je ferai quand même une reco, une seule boucle, celle du sud, mais impasse sur la boucle nord et surtout sur le parcours routier de nuit, grosse lacune, fatale même. Même si j’ai été gâté par le prêt de la moto, je me suis pointé tout seul sur cette édition du rallye, et franchement c’est vraiment pas une bonne solution, avoir une équipe avec soi est quasiment indispensable, j’étais donc là, comme un gland avec mes affaires, mes bidons d’essence et mon road-book en rembobiner quand un des concurrents a engagé la conversation et s’est rendu compte de tout ça. Engagé en catégorique Classic comme moi, sur une Kawasaki ZXR750, Mehdi Silem m’a carrément proposé de profiter de son équipe d’assistance au top, un sacré cadeau sans lequel je n’aurais même pas pu faire la moitié du parcours.
 
 Car cette année les organisateurs avaient particulièrement corsé le mélange, si en 2015 il y avait une grande boucle et une seule longue spéciale, cette année il y avait deux boucles, une sud et une nord, et dans chacune, une spéciale (on les fait deux fois à la suite avec 15mn entre chaque), et les épreuves de nuit consisteront à refaire ces boucles MAIS À L’ENVERS !!!Autant dire que tout ce que vous aurez pu mémoriser durant le jour ne servira à rien, déjà que c’est plus dur la nuit, là c’est DEUX FOIS plus dur. Pourquoi pousser autant la difficulté ? J’avoue que l’intérêt m’échappe, mais ce qui est certain c’est que pour aller au bout, il faut une super équipe, de l’expérience et une condition physique au top. Ce n’était pas du tout mon cas. Une autre chose qui m’avait totalement échappé, qui est un B-A BA du rallye pourtant, c’est que le carton qu’on vous donne au départ de chaque partiel comporte une durée, que vous devez ajouter à l’heure de votre départ, cela vous donne un horaire de pointage à respecter strictement, ni avant, ni après, sous peine de pénalités, et plusieurs fois lors de la première boucle, je suis arrivé trop tôt (je vous dis que cette année j’avais décidé de souder) et sans hésiter, devant les autres concurrents morts de rire, je suis allé pointer en avance… À un des points de contrôle, Florent et sa copine Steph m’ont expliqué, j’ai compris, mais j’ai pris la pénalité quand même. Je me suis vraiment éclaté lors de la première boucle sud, celle que j’avais repéré, pas une erreur (à part mes pointages de con) et j’ai bien roulé, par contre lors de la seconde, la boucle nord, après la spéciale, j’ai fait l’erreur que Maxence avait prévenu de ne pas faire ; je n’ai pas pris le temps de respirer, de me poser 2mn avant de repartir et ça n’a pas loupé, il fallait tourner à gauche tout de suite, j’ai foncé tout droit… j’ai au moins fait 10km de trop ! Lors de la troisième boucle un concurrent s’est sorti fort dans la spéciale (une section de route fermée) et nous avons du poireauter plus d’une heure en plein soleil, de quoi avoir l’adrénaline qui retombe et le moral aussi puisque les concurrents ayant des numéros impairs qui faisaient une boucle pendant que nous faisions l’autre, n’avaient pas eu de souci eux de leur coté et venaient déjà nous rejoindre. Cette boucle sera un calvaire pour moi, deux doigts de chaque main totalement ankylosés, et plus moyen de me mettre dans le rythme, vraiment dur. Et puis retour dans le campement de Mehdi et son équipe où je serai vraiment choyé par tout le monde, ils feront mon plein d’essence et d’huile pendant que je pourrai manger un peu et me relaxer avant de repartir, la dernière boucle de la journée, la 4eme sera un vrai bonheur, plus d’erreur et la forme revenue, je serai presque capable de ne pas trop me faire rattraper et doubler par mes suivants, Emeric a fini par me reprendre avec son ER5 mais nous avons fini la boucle ensemble, je me suis dépouillé pour rester à son contact et finalement, parfois c’est l’un qui hésitait sur une direction à prendre et l’autre savait, parfois c’était l’autre, le rallye comme ça, c’est le top, hélas ce ne sera pas le cas par la suite.
 
 Après une courte pause en fin de journée, une douche, un peu plus de temps pour faire les pleins de la moto et du pilote, il faut repartir pour les deux boucles de nuit, la nord et la sud, mais dans le sens inverse, je pars dans les derniers avec le numéro 92 (il y a déjà eu beaucoup d’abandons à ce moment du rallye), je me prépare, je suis chaud, je pointe bien comme il faut et je me lance, 900m plus loin il faut tourner à gauche, j’en vois au loin déjà qui jardinent… ça promet, je tourne, puis je cherche le point de repère suivant, dans le noir, je ne le trouve pas, un autre perdu me suit, il a tord, je tourne, je vire, je fais demi tour, je tourne, je me retrouve à l’autre bout du village !!! C’est fou ça, comment je me suis démerdé ??? Je recommence, je trouve toujours pas, et mon totalisateur kilométrique est faux maintenant, je retourne sur mes pas, de toute façon je n’ai fait que 3km. Je reviens au départ, je fous le trucs à zéro, je ré-essaye, toujours rien, et tout le monde est parti, je suis tout seul dans la nuit auvergnate, j’en ai marre, j’ai froid, j’ai un coup de fatigue, je moral tombe d’un coup… Allez je rentre. J’abandonne, je n’ai pas la forme pour tenir le coup je dois bien le reconnaître là, je ne peux que tirer mon chapeau à ceux qui finissent et qui plus est à ceux qui bastonnent pour les places d’honneur, ce sont des warriors, il faut vraiment s’accrocher pour faire un rallye, j’en ai vu un réciter par cœur la spéciale, il avait le road-book dans la tête, quel talent. D’ailleurs je dois aussi féliciter Quentin alias cigalou du blog à la mode « vie de motard », quand je l’ai vu arriver avec sa SV aux pare-mains roses et ensuite se filmer en train de coller ses numéros, je dois avouer que mes à-priori sur les blogueurs n’ont fait que se confirmer, mais j’ai forcé ma nature et j’ai passé la soirée avec son équipe, je dois bien avouer que ce sont des gens charmants, même si leurs préoccupations ne sont pas les miennes, se filmer sous toutes les coutures et à tout moment pour devenir le prochain Lolo Cochet, c’est surement drôle tout le temps, mais il n’y a pas de fond, après tout, qui veut encore du fond ? Toujours est il qu’avec son numéro 1, la nouvelle coqueluche des rallyes a terminé toute l’épreuve même s’il a trouvé le moyen de foutre sa SV par terre, ou d’ailleurs malgré ce fait, il a vaillamment relevé son enclume pour finir le rallye, félicitation à lui et à son pote Mathieu le numéro 3 qui l’a secondé tout le temps même dans la chute avec son DRrr, à deux c’est beaucoup mieux.
 
Après mon abandon, je dois bien reconnaître que je n’avais plus envie de traîner là, j’ai rendu les clés de la TDR à Maxence avec regret, je l’aurais volontiers chargée dans mon fourgon. Et puis je suis allé jusqu’à l’Auberge du Guéry me poser pour dormir au bord de l’eau, laisser passer tout ça et le lendemain aller voir Eric et Nath qui en sont les propriétaires. Je ne sais pas si je referai un rallye, mais cette fois j’ai vraiment tout pigé et tout vécu en vrai, le meilleur et le pire et cela reste un excellent souvenir, je ne peux que vous encourager à monter une bonne équipe de potes et de copines et à vous inscrire à plusieurs, s’il est une leçon que je peux retenir c’est qu’à deux on galère vraiment moins.
 

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