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Paru chez Rivages en avril 1993 et que l’on trouve encore chez l’éditeur. C’est the roman crépusculaire par excellence ! Il vient clore les aventures de Dave Brandsetter, personnage outrancièrement sympathique donc louche. Zozo assez atypique, ce Dave. Riche héritier, détective pour une compagnie d’assurances (un filon pour la profession), homosexuel vivant en couple avec un noir et, bien plus subversif, il roule en Jaguar. Dans l’Amérique des années 70 où débutent ses aventures, le cocktail détonne et Hansen peinera un peu à imposer le personnage de Brandsetter. En effet, ce libéral à la sauce ricaine, on dirait “bobo” maintenant, pétri de convictions humanistes, cultivé, amateur d’art, n’est pas tout à fait l’Américain typique (oui je sais, tu es déçu). Il évolue au fil de ses romans, dans cette “marge” californienne faite de galeristes chics, de gens de télé, d’auteurs névrosés. Et puis il y a aussi le petit personnel qui gravite autour, les jardiniers mexicains et les lingères sud’am que parfois l’on “honore” car chez ces gens-là, mon bon Monsieur, comme au FMI, on ne fait pas fi des amours ancillaires. C’est la peinture de mœurs nuancée, et donc réussie, d’une Californie friquée, cultivée, très “upper class”, foncièrement crade en même temps. On échappe pourtant au pensum psychologisant et politique. Chez Hansen, les méchants ne sont pas des milliardaires texans abrutis et les gentils des journalistes valeureux et démunis. Les intrigues bien troussées (comme les soubrettes précitées) s’entrecroisent sans jamais te perdre, ami dépourvu de boussole. Il y a de l’humour, mais c’est pas Sim non plus, des portraits enlevés, dans un polar c’est bienvenu, des rebondissements… C’est un peu plus que le minimum syndical et ça tombe bien. Il faut commencer par la fin de son œuvre, par ce dernier ouvrage, puis remonter le temps. Ce bouquin est en quelque sorte le constat de faillite d’une Amérique qui n’a pas su rester fidèle à ses valeurs (c’est sur la quatrième de couv’, donc c’est vrai). La classe internationale cet auteur ! |
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Réédité par Folio Policier en 2008. On est là dans le “noir”, celui qui réveille tes sens facilement assoupis. On y trouve deux-trois ingrédients qui le rapprochent (faut quand même chercher) du précédent : critique sociale pas chiante d’une Amérique qui change et pas en mieux et qui rend nostalgique “d’avant”, une dimension psychologique fouillée aussi. Mais il s’agit également d’amours interraciales (car comme tu le sais, motard érudit : amour, délice et orgue…) et, cerise sur le gâteau, d’un bel hommage à nos chéries qui lustrent le cuir de nos selles, avec leur popotin stylé, la mienne en tout cas, pour la tienne je suppute car… la mienne est en cuir. Je t’arrête tout de suite, on n’y parle pas moto, faut quand même pas déconner non plus. C’est plus cru, moins daté stylistiquement qu’Hansen, même si c’est très littéraire. C’est parfois un peu gothique (à lire dans ce registre, son premier bouquin, “Satan Dans Le Désert”, qui vaut son pesant de tripailles et d’yeux crevés). Bref, ça demande quelques efforts pour y rentrer, mais ça les vaut, putain que ça les vaut |