Bretagne Classic 2017

Le 16 juillet avait lieu à Plouay dans le Morbihan un événement moto dénommé Bretagne Moto Classic. Notre Greg national y est allé trainer ses guêtres, il est revenu avec un reportage dont il a le secret, dans la droite ligne de ses écrits Skulturistiques.

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SAMEDI 15 JUILLET 2017, 18h00 :
« -Allô ?
-Demain, dimanche à partir de 9h, y aura une centaine de types avec des bécanes à moteur à explosion !
-De quoi ?!?
-Tu m’as bien entendu !
Faut avouer que depuis que le gouvernement a interdit la consommation de carburant-pétrole et que je me suis opposé à cette mesure en créant le parti «les arbres en plastique c’est fantastique», je reçois des coups de fil des plus étranges, mais de là à ce qu’un type m’appelle pour inventer une telle connerie !
Des vieilles pétoires qui font du bruit, qui pissent de l’huile et qui crache des flammes et ce sera à Plouay, dans le Morbihan !
-Attends, raccroche pas ! Putain, mais t’es qui?!? »
 Faut que j’aille vérifier par moi-même, car croyez moi que ce genre de concentres n’est plus monnaie courante et elles sont parfois si secrètes que l’organisation d’une rave party passerait pour un événement médiatique.
Je décide donc de me lever aux aurores le dimanche matin !
DIMANCHE 16 JUILLET 2017…11h00  Je me décapsule de ma bannette une place, je gobe une capsulette de café sans eau, je vérifie les horaires des autotubes allant sur Plouay city, je recharge ma magnéto-card sur mon indivi-computer, je chope mon holocapteur Nikon et je dégringole les trois étages de mon auto-motel car j’ai une phobie de ce putain d’ascenseur magnétique !  Ces motels dont les chambres sont des carcasses de bagnoles empilées sont des pures merveilles !  Surtout quand t’as un max de crédits sur ta carte et que tu peux te payer une suite aménagée dans un camping-car au dernier étage. Pour ma part, je n’ai jamais dépassé le troisième étage, celui des citadines, ce qui est plutôt pas mal pour un pigiste de ma catégorie, car j’ai des potes de journaux locaux qui se tapent le rez de chaussé depuis des années, celui des voiturettes sans permis !
12h30
L’autotube ralentit, j’arrive à la gare de Plouay City, je débranche mon I-Phone 56 du plug encastré dans le fauteuil de devant après avoir sauvegardé mon article en cours sur le cloud et je me dirige vers la sortie. Il y a dix minutes de marche jusqu’au rassemblement, de quoi décourager tous les geeks alentour et avec son faible recouvrement internet, Plouay offre l’endroit idéal pour ce genre de meeting, invisible aux satellites Google.
Je croise des types avec des t-shirts estampillé Norton, Trophée Gérard Jumeaux, Coupes Moto Légendes… Devant moi , une brochette de paddocks d’un autre temps, des bécanes qui rugissent, des glingues autour, des camtards dont la peinture tient grâce aux stickers de bouclards depuis longtemps disparus et des motards penchant du côté de la béquille, et parfois aussi vieux que leurs montures ! Les combinaisons sont élimées et leurs fermetures éclair ne sont pas revanchardes et serrent les dents au niveau du ventre de leur proprio sans rien lâcher pour ne pas les vexer.
 autant dire de vrais dangers publics qui n’ont pas peur de se faire serrer par la milice pour incitation à la baston mécanique.  Je ne sais pas si c’est la poussière de ces terres hostiles mais les yeux n’arrêtent pas de me piquer et je me les frotte frénétiquement, ma vue me fait défaut et les couleurs commencent à disparaître progressivement, et j’ai tout à coup l’impression de me retrouver sur la péloche de Continental Circus version noir et blanc. J’empoigne mon Nikon et je mitraille toutes les motos que je vois, je scrute leurs courbes, admire leurs carters, reste émerveillé par leurs carénages qui embellissent leurs rondeurs. Je prends une cinquantaine de photos ! Pourtant , lorsque je les visionne à la buvette, je me rends compte qu’elles sont sans vie, qu’elles n’ont aucun volume, aucune âme, et c’est là que je saisis que depuis des années je n’ai rien compris à ce monde en voie de disparition !
La moto, c’est un tout, l’homme et la machine, l’un n’est rien sans l’autre.  La plus belle monture ne sera qu’un assemblage de pièces sans un pilote qui l’aime, qui la sollicite sur la route, qui la soigne lorsqu’elle est blessée. Alors, je prends mon holocapteur Nikon et je clique sur «effacer» pour ne conserver que les images où l’on voit cette communion entre le binôme, celles où l’on voit le motard épuisé, ou lorsqu’il retire sa CombiRace avec difficulté, les marques de l’âge et l’inquiétude de son épouse lorsqu’il part au combat sur son fidèle destrier ou lorsqu’il rentre à l’écurie. Ce dimanche, j’aurai vu des pilotes connus et d’autres moins connus mais tous autant remarquable.
18h00
Je remonte dans l’autotube, le sourire aux lèvres. Je range mon Nikon dans mon sac à dos et j’en sors un vieux bouquin publié au début du 21ème siècle et qui s’intitule « Nous rêvions juste de liberté ». Il me reste une heure et demie avant d’arriver à mon auto-motel, je vais sûrement arriver à finir le premier chapitre…Mais au fait, sais-je encore lire ?
  
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